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21 avril 2008 1 21 /04 /avril /2008 18:05
   Un air de guitare, des histoires de fin de banquet, des pin-up affichées sur les murs pour vanter abusivement des plages au décor d'agaves et d'azur... tout cela ne dépeint ni un pays ni une nation. Or, la Corse est un continent et un peuple.
   Cette île, qui se trouve généralement reléguée sur les cartes quelque part du côté de Santander, au-delà du golfe de Gascogne, ne ressemble à aucun autre pays et surtout pas à ces "côtes" aux noms de pierres précieuses que l'on trouve tout autour de l'Océan et de la Méditerranée. Un ancien préfet de la Corse me conta un jour : "...Le premier dossier que je trouvai sur mon bureau en prenant mes fonctions concernait une histoire de chasse-neige; je crus à un canular de mes services. En fait, je compris que j'avais tout à apprendre sur cette terre extraordinaire; je découvris que ce département n'était comparable à nul autre."
    Chacun est à même de glaner réflexions et anecdotes montrant à quel point la Corse, vue le plus souvent à travers un lot de clichés stéréotypés, est l'objet de préjugés déformants.
    Le voyageur ignorant est d'ailleurs excusable. S'il ne se documente pas, pourquoi n'imaginerait-il pas qu'il s'agit d'un rivage semblable à beaucoup d'autres, et seulement d'un rivage?
    S'il cherche à se documenter, un écueil le guette : la niaiserie largement diffusée par des brochures, plaquettes, dépliants outrageusement publicitaires; il y a aussi le risque de tomber sur la dernière résurgence d'une littérature romantique, où, même sous les meilleures signatures, l'indigence le dispute au lyrisme. Ainsi ont pris corps des images puériles : l'"Ile de Beauté", le "farouche berger", le "bandit d'honneur", et, bien sûr, toute la mythologie napoléonienne. Nous vivons encore sous le charme du roi de Rome et de Colomba réunis, à moins que notre penchant ne nous porte davantage vers les récits d'aventures qui se situent entre le Vieux Port, Pigalle et Frisco...
    Il a fallu attendre la fin de la décennie 70 pour voir se créer des organismes d'information tel que l'Agence régionale du Tourisme et des Loisirs de la Corse (la "Maison de la Corse"), à Ajaccio, et se mettre en place des administrations spécialisées, comme celle du Parc naturel régional, décidées, semble-t-il, à travailler... A Ajaccio, Bastia et Paris, plusieurs librairies diffusent désormais études, ouvrages et publications de valeur sur les problèmes insulaires. Dans toute l'île, parfois dans d'humbles villages, des centres culturels et des associations responsables s'étant donné pour vocation de mettre en évidence l'authenticité du peuple corse et de sa langue commencent à acquérir une audience prometteuse.
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